Qu’on se le dise ! Le bilan de compétences n’arrachera jamais personne à ses responsabilités. Il n’est pas fait pour ça et – prenons le temps de le dire – c’est une excellente chose.
Mieux se connaître : liberté de l’Homme
L’Homme est libre et responsable. De là lui vient sa dignité. Acteur de sa vie, il agit sans qu’aucun contexte ou mécanisme ne l’enlise à agir « ad unum » c’est-à-dire incontournablement vers une seule chose. L’Homme prend telle ou telle décision, choisit de poser tel ou tel acte, et c’est là l’une de ses honorables distinctions. Il est tout à la fois libre de supprimer et sauver la vie, de se déterminer dans un acte qu’il juge supérieurement bon ou de s’en détourner, de s’engager dans l’armée ou de devenir professeur à l’université. Ainsi l’Homme se promène-t-il dans l’existence librement !
Mais, rendons-nous à l’évidence, la liberté ne libère pas l’Homme de ses tourments surtout en matière d’orientation professionnelle. Nous croisons habituellement des personnes qui demandent ce qu’elles doivent faire de leur vie et qui seraient tentées de nous voir leur donner LA réponse. Dois-je me faire « développeur web » ou « juriste » ? Kipling se défendrait de la question en l’ignorant sagement « tu seras un Homme mon fils ». Pour notre cas, nous ne pouvons nous en tenir là.
Libres de nous orienter, nous le sommes. Mais dans quelle direction ? Dans quel but ? Pour faire quoi ? Pour mettre quels talents à l’honneur ? Dans quel environnement ? Pour tirer quels avantages et supporter quels inconvénients ? Ces questions sont légitimes et primordiales car elles engagent une part importante de l’existence et soulèvent par voie de conséquence des enjeux centraux autour de la réalisation de soi…
Mieux se connaître entre liberté & connaissance
Ce que réclame l’Homme qui n’y voit plus rien, c’est la lumière. En termes philosophiques, la lumière porte le nom de « connaissance ». Ainsi, lorsqu’il se tient devant ces questions vertigineuses, l’Homme aspire à connaître. Connaître qui il est d’abord, mais connaître aussi le lieu où il pourrait le mieux déployer ce qu’il est. Cette aspiration est naturelle et responsable. Elle marque depuis l’antiquité un premier pas de sagesse. C’est le sens gardé par l’inépuisable pierre de Delphes qui répète aux âges descendants le fameux « Connais-toi toi-même » ! La connaissance est ainsi désirée en vertu de ce qu’elle promet : éclairer la volonté libre de la personne humaine.
Et le bilan de compétences dans tout ça ?
Revenons alors plus en profondeur sur l’utilité réelle du bilan de compétences. À quoi donc cette démarche pourrait-elle tenir sa valeur ? Notre réponse est simple : à la connaissance spécifique qu’elle permet de nourrir.
Oui, le bilan aide chacun à mieux se connaître et se comprendre. Il est le lieu d’un échange réaliste, méthodique, outillé, qui doit éclairer la connaissance que l’on peut avoir de soi-même, en la précisant. Ensuite, le bilan permet d’identifier les lieux réels (environnements de travail et contenus professionnels) où l’on peut sérieusement envisager de réaliser ses talents. En ce sens, il aide à franchir le seuil d’un discernement opérant et responsable. Opérant parce qu’il permet une prise de décision mûrie et éclairée, responsable parce qu’il permet à la personne de conduire sa vie avec intelligence et d’accepter ce qu’elle est : un être doué de talents identifiables, reconnaissables et faits pour s’actualiser.
On se rassurera donc, le bilan – à condition qu’il soit bien mené et réalisé au “bon moment” – n’arrache personne à ses responsabilités. Il invite au contraire chacun à les prendre dans un contexte de discernement favorable, où un choix éclairé et parfaitement libre se fait. C’est décidément une excellente chose !